Un certain nombre d’idées reçues circulent sur le sujet des salles de charge. C’est pour mieux appréhender la règlementation des salles de charge que cet article a été rédigé. En effet, si le dégagement d’hydrogène est bien une composante dont il faut tenir compte lors de la création d’une salle de charge, il n’est en aucun cas le facteur déclenchant de l’existence ou non d’une salle de charge au sein d’un établissement.
Par ailleurs, la part croissante du nombre de batteries Lithium-ion sur le marché des chariots élévateurs ont amené le Ministère de l’Ecologie à faire évoluer la réglementation existante via le Décret no 2019-1096 du 28 octobre 2019 modifiant la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement.
Que dit précisément la réglementation sur les salles de charges ?
Un seul critère déclenche la nécessité de l’existence ou non d’une salle de charge, ce critère est défini par la règlementation.
C’est la puissance cumulée des chargeurs de batteries présents dans votre établissement qui est le critère. Deux cas de figures sont désormais à prendre en compte :
- Le premier cas fait l’objet d’une nouvelle réglementation
Concernant les batteries ne produisant pas d’hydrogène, parmi lesquelles on peut inclure les batteries au Lithium-Ion, la puissance totale de charge à partir de laquelle il est obligatoire d’avoir une salle de charge passe à 600 kW de puissance courant continu.
C’est donc au-delà de ce seuil de puissance qu’une salle de charge est obligatoire. - Le deuxième cas, pour lequel la règlementation en vigueur reste exactement identique, concerne celui des batteries produisant de l’hydrogène lors des remises en charge.
Un premier arrêté du 29 mai 2000 relatif aux prescriptions générales applicables aux Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) soumises à déclaration sous la rubrique n° 2925 “ accumulateurs (ateliers de charge d’) (JO du 23 juin 2000) avait fixé le seuil à 10kW.
Le seuil de 10kW a été porté à 50 kW par décret en 2006, modifié en 2019. Par voie de conséquence, tous les établissements qui utilisent des chariots élévateurs et dont la puissance cumulée des chargeurs est supérieure à 50 kW doivent disposer d’une salle de charge pour être conforme à la réglementation sur les salles de charges.
Comment Calculer la puissance de mes chargeurs
Pour calculer la puissance d’un chargeur il convient de multiplier la tension du chargeur par l’intensité de charge.
Ces informations sont souvent présentes dans les types commerciaux des chargeurs.
Par exemple le calcul de la puissance (P) d’un chargeur 48/100, traduire 48 Volts (V) – 100 Ampère (A), est le suivant :
- P=UxI
- P=48×100 soit 4 800 watts (W) ou 4,8 kilos Watts (kW)
Pour savoir si la réglementation sur les salles de charges s’applique à votre établissement il convient que vous fassiez la somme de toutes les puissances des chargeurs de batteries présents.
Les principales obligations que la réglementation des salles de charge impose
La réglementation des salles de charge impose un certain nombre d’équipements au sein d’une salle de charge.
Vous trouverez ci-dessous la liste des principales obligations :
- Ventilation mécanique obligatoire afin de ne pas dépasser 1% de concentration d’hydrogène par rapport au volume de la salle
- Revêtement étanche pour rétention des eaux polluées
- Éclairage IP 55l
- Chauffage par fluide
- Rince Œil
- Arrêt des chargeurs en cas de défaillance de la ventilation mécanique
- Arrêt des chargeurs par la centrale de mesure d’hydrogène
- Bac de rétention acide
- Extincteurs
- Affichage des règles de sécurité
- Porte coupe-feu
- Sortie de secours
- Si un étage existe au dessus de la salle de charge, le plancher haut doit être coupe feu de degré 2 heures
A- Comment calculer le dégagement d’hydrogène lors des charges de batteries
Dégagement d’hydrogène par charge (batterie déchargée à 80%)
Formule employée
Q = (C5 x 0,8) x 0,42 x Ne x Nb x (C-1) x 10-3
Q : quantité d’hydrogène dégagée en m3
C5 : capacité batterie en 5 heures
Ne = Nombre d’éléments par batterie
Nb = Nombre de batteries de même capacité
C = Coefficient de surcharge (basé sur un maxi de 1,2 )
Le coefficient de surcharge est une variable avec le type de chargeur : on peut convenir d’un coefficient compris entre 1.13 et 1.15 pour les chargeurs HF, on peut descendre à 1.06 pour les batteries avec brassage, et 1.03 pour les batteries étanches.
Pour les batteries étanches on tien compte de la recombinaison au démarrage de 95 %, donc on multiplie le résultat par 0,05.
A savoir que la recombinaison atteint très vite des taux de 98 – 99 % , dans les conditions normales d’exploitation
Pour un calcul rapide, je vous propose les formules simplifiées suivantes :
- Chargeurs basse fréquence (Classiques à pentes) batterie plomb ouvert
V=0,00045 x (C5 x 0,8) x 0,2 x N - Chargeurs HF à découpage ou BF régulés batterie plomb ouvert brassage
V = 0,00045 x (C5 x 0,8) x 0,12 x N - Chargeurs HF à découpage batterie plomb ouvert entretien réduit brassage
V = 0,00045 x (C5 x 0,8) x 0,04 x N - Chargeurs HF à découpage batterie GEL
V = 0,00042 x (C5 x 0,8) x 0,06 x N x 0,05 (recombinaison des gaz 95%)
Légende :
V = volume hydrogène par charge en M3
C5 = capacité de la batterie en 5 Heures
N = nombre d’éléments de la batterie
B- Comment calculer le volume d’air à extraire
Volume d’air à extraire pour une concentration supérieure ou égale à 1%
- Batterie plomb ouvert et entretien réduit
Ve = 0,05 x N x I - Batterie plomb étanche
Ve = 0,0025 x N x I
Légende :
Ve = volume hydrogène à extraire en M3/ Heure
N = nombre d’éléments de la batterie
I = Intensité de fin de charge soit C5 x 0,05
Vous disposez maintenant des éléments nécessaires pour pouvoir avoir un avis critique sur les informations que certains pourraient vous transmettre sur la réglementation des salles de charges des chariots élévateurs.
Il est bien évident que dans certains cas, au regard de vos contraintes spécifiques, la création d’une salle de charge ou son extension ne sera pas possible et que par voie de conséquence tout ou partie des matériels ne pourront pas avoir accès à la salle de charge.
Il faut gérer ces cas particuliers avec au moins deux acteurs incontournables. Le premier, la DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) pour obtenir de leur part une exonération partielle ou totale en ce qui concerne la création ou l’extension du local de charge.
Le second votre assureur.
Vous pourriez vous en tenir au « pas vu pas pris », mais en cas de sinistre vous vous en mordriez les doigts à n’en pas douter.
Evolution de la réglementation au 28 octobre 2019 – Mise à jour novembre 2019
Bonjour Monsieur,
Pour ce qui concerne les salles de charge, vous indiquez que la réglementation impose certaines obligations: mur coupe-feu, portes coupe-feu etc. Quelle est la référence relative à ces obligations? Décret, norme etc?
Merci d’avance,
G LOISEAU